lundi
avec cet engorgement des mots et des faits qui empêche de respirer
je guette les pas dans le couloir, je guette les mots envolés sans faire exprès
je guette la minute légère à serrer dans les doigts
le sourire sans rien de plus
tellement envie de rêver ailleurs et autrement
Tu dors peut-être
nuage dans la bouche
âme au gré des draps
les doigts repliés
sur l'inexprimable
comme une flamme
dans l'incertain
tu dors peut-être
Chercher
Chercher en tout une distance juste, un accord,
un espace respirable, libre.
Pierre Chappuis
Eveil
Quand on a mission d’éveiller
On commence par faire sa toilette dans la rivière
Le premier enchantement comme le premier saisissement sont pour soi
René Char
Un enfant
Un enfant,
par accident,
livré
dans la rage de la guerre.
Ça commence bien.
Sa vie de toute façon...
De toute façon sa vie,
c’était écrit :
jour après jour un survivant
penché sur la nuit
où se rompt la splendeur.
A. veinstein
On démarre
Juste dans nos chemins
au bout du souffle, au bout du rêve sans rien de plus
que le plaisir de de se dire, de se lire ; je pense à toi
Le jadis
Le jadis, par rapport au passé, c'est ce surgir incessant d'une origine en tout. Et il est possible, pourquoi pas, qu'à force de retirer la lave desséchée, des oripeaux, qu'en vieillissant on puisse appartenir à une luisance plus neuve et que le "dernier regard", comme disent les Japonais, le regard de l'adieu, soit aussi le regard le plus neuf, le plus contemporain de ce qui surgit au fond de la terre, et au fond du ciel. Le Jadis est un surgir pur. C'est l'explosion céleste. Le Big Bang ne cesse de se produire. C'est être directement en prise avec ce présent absolu. C'est un instant. Un instant absolu. Tout le reste, tout le passé, toutes la réaction de tous les conservatismes, sont des choses qui sont faites pour étouffer ce mouvement de surgir.
Quignard
………….
Chemine
Chemine en toi lentement
la langue du temps perdu.
Mots en écho, cris et balbutiements,
toutes les joies dispersées
dans l’ombre
comme feuilles jaunies.
Il y a cette brûlure
au creux des mains,
l’inscription d’un vertige
qui n’a pas de nom
Lionel Ray